Lambaréné/Le petit Gabon

17 septembre 20150
Partager

La commune de ‘’Lémbareni’’ se lit aussi au travers de ses multiples panoramas le long de l’Ogooué et, la voie qui la connecte à Libreville ainsi qu’au reste du pays vers le sud. La richesse de cette ville se focalise également autour de la diversité de ses espèces halieutiques constituant l’une de ses curiosités. Le caractère cosmopolite de Lambaréné lui confère le statut du Gabon en miniature, a constaté notre reporter (Gabonews).

Implantée au centre du Gabon, Lambaréné est une ville cosmopolite, sa carte ethnique rassemble presque les dialectes du pays. Du recensement de 2013, sa population atteint 38900 âmes disséminées à travers les 24 quartiers (Atongowanga, Adouma, Point V, pour ne citer que ceux-là) sur 2 arrondissements pour une superficie de 523000m². A environ 250 km de route de Libreville et, à 175 km de Port-Gentil en empruntant le fleuve Ogooué, Lambaréné ou Lémbareni qui veut dire en galwa ‘’essayons donc...’’ ; à raison de l’invasion coloniale dans la contrée à l’époque, attire chaque jour les visiteurs en provenance divers horizons aussi bien du continent que du reste du monde. La première ville de la province du Moyen-Ogooué (G3), Lambaréné doit aussi sa renommée à l’hôpital Albert Schweitzer créé en 1913. Cette petite localité va prendre un autre statut vers 1875 avec l’arrivée de Pierre Savorgnan de Brazza et, des 1ers forestiers occidentaux sans occulter le commerce d’esclaves. En 1963 par l’ordonnance n°224 du 13 août de la même année, Lambaréné passe commune de plein exercice.

Une autre stratégie pour le développement de cette commune s’impose. Mais pour cela il faut la mobilisation des compétences aussi locales que d’ailleurs ainsi que des investisseurs à l’international. Le programme d’Appui aux réseaux territoriaux de gouvernance locale pour le développement (ART GOLD) s’inscrit dans le cadre des initiatives promues par les autorités gouvernementales et les Nations unies à travers ses agences à l’exemple du Programme des Nations Unies pour le Développement-PNUD destinées à appuyer la mise en œuvre des engagements souscrits lors de la fixation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. « Nous accompagnons les autorités communales à identifier les besoins des populations à travers ce que nous appelons le diagnostic participatif, ce qui veut dire qu’elles dictent l’urgence des projets à réaliser afin de les sortir de la précarité et du sous-développement » indique le coordonnateur de zone Art Gold, Dr Jean Delors Biyogué. En effet, à circuler à l’intérieur de Lambaréné, une nouvelle planification de développement communal s’impose inéluctablement. Les populations attendent une amélioration de leurs conditions de vie.

L’eau, l’électricité, les routes, entre autres, sont des besoins exprimés dans plusieurs quartiers. C’est vrai, des efforts sont visibles par endroit. Certains cadres originaires de la localité se sont lancés dans un projet de création de pompes au 1er arrondissement, il y a quelques années, 20 au total à mettre au crédit de la défunte Rose Francine Rogombé, sénatrice. Une fausse note à attribuer aux autorités municipales, c’est l’absence d’une eau potable au 2ème arrondissement où les habitants n’en peuvent plus, depuis le milieu des années 2000. Le liquide vital qui y coule est d’une mauvaise qualité, « Je déconseille aux visiteurs de boire de l’eau des robinets de la zone d’Isaac » alerte Marie Madeleine Biloghé, chef du quartier Météré. Nous allons prendre de l’eau à boire l’autre côté de la ville, confie Micheline.

L’appui à l’éducation, la santé, la culture, devrait accorder une place à la promotion des économies locales avec des activités génératrices de revenus sous forme de micro-projets. La pêche, l’agriculture, le tourisme sont là des potentialités à développer autour de cette ville. « Notre association Guide Eco-tour, créée depuis 5 ans, essaie de valoriser notre culture tout en faisant découvrir nos merveilleux sites touristiques naturels » relève Junior Boussougou, le vice-président.

Tous les jours, les débarcadères de Lambaréné grouillent de monde, les pêcheurs, les commerçants et les clients s’y retrouvent pour se choisir du poisson frais. « J’avais constaté que la vente des produits agricoles ne faisait pas vite rentrer l’argent, je me suis lancée dans le commerce du poisson principalement la carpe et le poisson sans nom » confie Pauline. La carpe et le sans nom sont deux espèces halieutiques phares de la localité. J’ai cherché un emploi après ma formation en soudure, voyant que rien ne pointait à l’horizon, j’ai commencé à pêcher puis le sourire est là » raconte fièrement Aubin Itsitsa au débarcadère du petit lac Mbolè. L’économie est au tour du bois, le pétrole n’emploie pas tout le monde dès lors le système D est une alternative.

La ville change les couleurs à la tombée de la nuit, le quartier Isaac attire. C’est là que le commerce tourne bien pour les petits affairistes. Les cases pour l’hébergement s’y trouvent, les bistros à succès aussi. Le célèbre bar Bleu est devenu en peu de temps, le coin de toutes les retrouvailles. « On fonctionne ici, le rythme est trop fort » estime Fantasia, une inconditionnelle du coin à peine 21 ans. Isaac, c’est malheureusement, le carrefour de toutes les bêtises… relève Marie, une infirmière ; le sexe et la drogue sont au centre du jeu d’ambiance, poursuit-elle. Les grillades, les restaurants, le commerce du poisson et les divers motels accentuent les vas-et-viens dans la zone. « Les chambres sont à des prix accessibles, j’y viens à chaque fois que je suis de passage à Lambaréné » indique Jean Daniel.

« La gouvernance locale maitrisée serait un moteur pour l’avenir des communes. Le dynamisme pour un développement harmonieux intègre l’apport de tous » reconnait le maire, Roger Valère Ayimambenwé. La mobilisation de tous les acteurs de la vie locale est un concept à promouvoir pour des lendemains enviables de ce petit bijou donné par la nature : Lambaréné, la ville du Grand Blanc. Elle se concentre autour d’une île avec ses deux ponts : Isaac et Adouma. Le modernisme côtoie le décor colonial, l’habitat demeure le talon d’Achille pour le conseil municipal à la recherche d’un nouveau toit afin d’offrir d’autres conditions de vie aux populations. Toutefois, Lémbareni ou Lambaréné reste le carrefour du Gabon, sinon le Petit Gabon.

Danny Kouélé Tolé

Dans la même rubrique

0 Commentaire(s)

Poster un commentaire