FRANCE-GABON/Vers un sentiment anti-intérêts français soutenu par la résolution de l’Union européenne ?

21 septembre 20170
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La première page d’Echos du nord (20 septembre 2017).

La première page d’Echos du nord (20 septembre 2017).

Les députés européens qui ont fustigé l’attitude de la France face à la crise post-électorale au Gabon semblent avoir éveillé chez des Gabonais, un mépris envers l’Élysée. Dans la diaspora et à Libreville, Paris est progressivement indexé.

Le pays d’Emmanuel Macron semble entrer dans le collimateur des « résistants » gabonais. Cette frange de la population (près de 50%) qui, depuis la proclamation de la victoire (toujours contestée) d’Ali Bongo Ondimba en août 2016, refusent encore d’accepter ce dernier comme président élu. Le silence de la France face à la crise née de la dernière élection présidentielle ne fixe pas une position claire de ce partenaire historique du Gabon. La montée d’un sentiment contre les intérêts français semblent aujourd’hui nourrir l’agir des activistes réclamant plus de démocratie. Les Gabonais de France, en contestation depuis un an, comptent tenir un nouveau sit-in au parvis des Droits de l’Homme le 23 septembre, date marquant la proclamation des résultats de la présidentielle de 2016 au Gabon. Pour ce rassemblement de plus, l’Élysée est en ligne de mire : « La France des Droits de l’Homme ne peut négocier avec un tyran », peut-on lire sur leurs affiches. Au sein de la presse gabonaise, certains journaux comme le tri-hebdomadaire Échos du Nord, éveillent les consciences sur la responsabilité de Paris dans la situation du pays.

Les appels des députés européens vers les décideurs français lors de la prise de la résolution pour des sanctions contre le système Bongo le 14 septembre courant, ont davantage poussé les « résistants » à indexer leur ancien colonisateur. Des eurodéputés estiment que Paris a une grande part de responsabilité dans le malaise gabonais et qu’il faudrait agir avant que la situation ne s’empire. A la suite, sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes gabonais ont multiplié les publications contre la France. La poignée de mains entre Ali Bongo et Emmanuel Macron à New-York durant l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, le 19 septembre, n’a pas apaisée le climat. Les Pro-Bongo disent que cette rencontre des deux hommes marque la reconnaissance de leur champion par l’Élysée. Depuis la victoire contestée du fils du défunt président Omar Bongo, ce dernier n’avait pas eu l’occasion officielle d’accéder jusqu’à son homologue français. Pour les pro-Jean Ping, Ali Bongo n’aura jamais la gratitude internationale tant recherchée car il a commis des violations des Droits de l’Homme et la fraude au vote.

L’une des affiches annonçant le sit-in du 23 septembre à Paris.

A chaque élection présidentielle dans cette ancienne colonie française, de façon officieuse, l’Élysée a son mot à dire, estiment nombre d’acteurs politiques. En 2009, Nicholas Sarkozy n’avait pas attendu les délibérations de la Cour constitutionnelle sur le contentieux électorale pour adresser ses félicitations à Ali Bongo pour son premier septennat .Un fait mal digéré dans l’opposition. Pour cette dernière, le président français venait d’esquisser le verdict de l’institution. Durant les violences d’août 2016, la France de François Hollande avait invité les Gabonais à dresser le cap sur les élections législatives. Une position partagée par le camp au pouvoir. Si Emmanuel Macron, pour sa part, garde toujours le silence, à l’Union européenne, son attitude est considérée comme de l’hypocrisie. Pour les parlementaires de l’UE, la France tire profit de cette situation consacrant un "pouvoir illégitime", d’où son mutisme.

GMN

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