Démocratie Nouvelle/Un parti provincial ou national ?

22 janvier 20180
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Les prochaines élections législatives pointant à l’horizon au Gabon, des grognes se font entendre en sourdine dans le parti de René Ndemezo’o. Le leader aurait une préférence particulière pour les membres de Démocratie Nouvelle (DN) originaires de Bitam, pour la conquête de l’électorat et les nominations aux hautes fonctions.

Des germes de querelles intestines mal digérées pourraient avoir une nouvelle conséquence lourde sur l’avenir de Démocratie Nouvelle. La gestion interne de ce parti politique née en 2016 sous la présidence de Réné Ndemezo’o laisse entrevoir l’esquisse d’une profonde fissure. Les maux qui minent ce parti encore en quête de la reconnaissance du peuple pourraient le réduire à un petit groupe d’amis après les législatives

« Personnification du parti, tribalisme, régionalisme, clientélisme et opacité dans la prise de décision et absence d’une vision stratégique à long terme. Le spectre d’une scission ou des démissions en cascade plane sur notre parti… Une situation qui a déjà couté à Ndemezo’o la perte de plusieurs cadres lorsque, contre tous, il avait décidé de quitter l’opposition patriotique en décembre 2016, deux mois à peine après la présidentielle volée à Jean Ping par Ali Bongo Ondimba », estime un membre de DN, sous anonymat. En effet, quatre vice-présidents – le Pr Joseph John Nambo, Philibert Andzembé, Radegonde Djenno et Jean-Pierre Ndoungou Lékambo, puis deux secrétaires nationaux, Franck Rebella Rogombé et Véronique Essomeyo, la présidente de la Ligue nationale des Femmes du parti, Marie-Augustine Embinga, et tout le bureau du Secrétariat provincial du parti dans l’Ogooué-Maritime ainsi que de très nombreux autres cadres et militants avaient quitté Démocratie Nouvelle à la suite d’un vote au forceps du Bureau Politique qui l’avait formellement autorisé à prendre part au dialogue politique avec Ali Bongo, lequel quelques mois seulement plutôt, le même Ndemezo’o Obiang traitait de tous les noms de démons à cause du sous développement du Gabon et d’un climat mal sain au sein du PDG.

Dans cette crise, René Ndemezo’o avait reçu le soutien de taille des cadres issus des autres provinces alors que bon nombre issus du Woleu-Ntem le boudaient, voire quittaient le parti. Seulement, ce Bureau Politique l’enjoignait en même temps de revenir rendre compte au Parti de sa participation au dialogue d’Ali Bongo avant d’anticiper n’importe quelle démarche politique ultérieure. « De mars à mai 2017, René Ndemezo’o était devenu le chou chou du pouvoir parce que dit-on, il passait à table pour donner tous les « secrets » sur Jean Ping et sa stratégie de prise de pouvoir et en même temps participait à la préparation de ce dialogue pour asseoir le pouvoir illégitime et sanguinaire d’Ali Bongo. A la fin de ce dialogue, le directoire du parti composé de membres du bureau politique, de secrétaires nationaux, restait sur sa faim pour que Ndemezo’o leur donne le bilan de ce dialogue pour envisager démocratiquement en interne la suite à donner », nous a confié un autre membre du parti. Contre toute attente, Réné Ndemezo’o prenait de court ses cadres et militants en envoyant au Gouvernement et au Conseil économique et social, deux de ses proches (Eyogo Edzang à l’Energie et Jonathan Ntoutoume comme Délégué aux affaires sociales) et lui-même (Président du Conseil économique et social).

Certains autres membres dénoncent la nomination d’Hubert Minang en qualité de co-président du comité de suivi des actes des accords du dialogue politique toujours sans consulter le bureau directoire de son parti qui n’apprend ces mesures que par voie de presse ou de bouches à oreilles. Des promus qui, de l’avis de nombreux militants, n’ont jamais fait leur preuve dans la vie du jeune parti politique : Eyogo Edzang est un transfuge de l’Union Nationale d’hier, et Hubert Minang débarque du PDG. Sans s’arrêter là, le natif de Bitam, comme un monarque au sein de son parti, prend la décision de faire une tournée dite « républicaine » qui en réalité ne se résume qu’à deux départements, le Ntem à Bitam et l’Okano à Mitzic, des étapes qui lui permettront de présenter les ministres originaires de ces localités et lui même nouvellement promus par Ali Bongo.

Or, avant l’entame de cette « randonnée politique » au Nord du pays, certains cadres et militants espéraient que leur président ferait un point au parti, partant du dialogue politique jusqu’à la promotion de nouvelles personnalités au nom du parti dans le cadre du pacte conclu avec Ali Bongo. Dans la même dynamique, il se susurre que René Ndemezo’o préparerait actuellement en douce, un congrès (extra) ordinaire au cours duquel il adoubera les candidats du parti aux prochaines législatives et remanierait en profondeur les postes du parti. Des règlements de compte politique contre ceux qui osent lui faire savoir que la gestion d’un parti politique, même si l’on revendique le statut de fondateur, obéit à des statuts et à certains codes dont le respect, le rassemblement, le consensus.

Cet ensemble de faits suscitent l’ire et l’indignation de nombreux cadres et militants du parti qui estiment désormais que leur leader a « son » parti dans le parti, c’est-à-dire sa propre stratégie et ses hommes à lui dans le parti Démocratie Nouvelle. Très en colère, certains estiment que : « , Ndemezo ‘o ne nomme essentiellement que les originaires du Woleu-Ntem y compris dans les cabinets de ses ministres et dans le sien au CES ; la tournée républicaine ne se résout qu’à deux départements du Woleu-Ntem, et avec ses hommes à lui, il prépare « leur » congrès pour entériner des mesures qui n’ont pas été débattues par les organes compétents du parti (bureau politique, secrétaires nationaux). Donc pour militer et réussir son parcours politique à DN il faut être de Bitam, un peu moins d’Oyem ou d’ailleurs, et pire d’une autre province ». Cette grosse grogne au sein du parti à la veille des législatives ne permet pas de prévoir une place considérable pour Démocratie Nouvelle dans la prochaine Assemblée nationale.

Justin Biteghe

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