Parmi-eux, ceux qui refusent de regarder la réalité en face feront une fois encore l’autruche, en considérant la création de “Héritage et Modernité’’ comme « un non-événement » ; les choses paraissant pourtant bien claires. Les élus et les cadres regroupés dans ce clan-là, disent être marginalisés. Quand on est mis à l’écart, soit on reste silencieux et l’on subit les humeurs des plus forts dans le silence, soit on abandonne en quittant définitivement le groupe, pour s’exprimer ailleurs, comme cela a pu être observé dans ce parti depuis 2009. Or, “Héritage et Modernité’’ a décidé de créer une troisième option ; celle de rester et de parler.

Parler, sur quel ton ? Les marginalisés ont employé une voix dure et sans réserve. Ils ont traités “les marginaliseurs’’ de « délateurs », des gens qui trahissent et dénoncent par intérêt ou par malveillance, des profiteurs d’une situation de faiblesse, en deux mots, des opportunistes. Pour eux, il est inadmissible que des élus du parti, sans doute eux-mêmes en première ligne, disposant d’une base politique, continuent de subir les assauts des « forbans » qui se sont accaparés du centre de décision et l’ont entrainé vers des « espaces interlopes marqués par le rejet de toute critique et toute suggestion constructive ». Dès lors, il semble clair que les membres d’“Héritage et Modernité’’ sont bien loin de la sphère décisionnelle et de façon plus ou moins implicite, ils réclament leur part.

Pourquoi n’ont-ils pas quitté le bateau ? Cette décision n’aurait étonné personne, vu que depuis les départs importants enregistrés au sein du parti, dans les couloirs, d’autres démissions étaient attendues. “Les héritiers modernes’’ affirment être très liés à l’idéologie d’Ali Bongo Ondimba, le Chef de l’Etat et patron du PDG. Mais leur colère est dirigée vers l’entourage et plus précisément vers ceux qui estiment être les plus proches du Président.

Leur position laisse entrevoir deux idées. La première est que ce mouvement a encore une lueur d’espoir de se frayer une place parmi les grands décideurs ; une place qu’ils ne pourront pas obtenir en demeurant dans l’ombre. Par contre, la seconde idée est qu’ils sont conscients que le bateau a pris beaucoup d’eau, alors ils vont le couler davantage et nourrir leurs relations dans les rangs de l’opposition, en attendant la présidentielle de 2016 ; puisque, étant mis à l’écart, ils n’ont plus rien à gagner. Il ne faut pas oublier que les mentors de l’opposition gabonaise actuelle sont issus du PDG. Il faut l’avouer, cette grosse querelle qui surgit à la veille d’une échéance électorale qui déterminera non seulement l’avenir du pays, mais l’avenir du parti démocratique gabonais aussi, ne peut pas conforter cette famille politique.

Si Ali Bongo Ondimba compte se présenter à cette élection, il devra d’abord ramener la sérénité chez ceux qui le soutiennent. L’éclatement du “noyau dur’’ et une redistribution équilibrée des rôles semblent inévitable, c’est la solution qui éviterait l’enlisement. Or à cette amplitude de la querelle, et surtout après avoir apprécié la saveur du pouvoir, les “proches’’ du président gabonais qui sont indexés par le groupe “Héritage et Modernité’’, semblent déterminés d’acquérir davantage de pouvoir et de continuer à minimiser les autres membres du parti.

Georges-Maixent Ntoutoume