Lettre ouverte d’Armand Dagraça Tchitembo au Président de la Transition

26 septembre 20230
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Une énième Lettre ouvert écrite par Armand Dagraça Tchitembo, adressée au Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. En sa qualité d’Ancien Directeur général adjoint de Panafrican Energy et ancien Directeur général adjoint de Addax, Armand Dagraça Tchitembo soumet quelques propositions en lien avec l’activité pétrolière au Gabon.

Excellence Monsieur le Président de la TRANSITION,

J’ai l’insigne honneur de venir, une fois de plus, soumettre à votre haute attention, quelques propositions en lien avec l’activité pétrolière dans notre pays.

En effet, il y’a quelques mois de cela, le Gabon a frôlé une catastrophe du fait d’un énième incident impactant gravement notre environnement, suite au déversement causé par une défaillance survenue sur un bac de stockage à toit flottant du terminal petrolier du Cap-Lopez.

Vous sachant très mieux informé que le Gabonais lambda, je ne doute pas que cet incident gravissime n’a pas manqué d’attirer votre attention et de vous inquiéter à l’époque lorsque vous étiez Commandant en Chef de la GR.

C’est fort de cet intérêt que vous manifestez à la préservation de notre cadre de vie aujourd’hui, que je me permets de porter à votre attention, les faits ci-après.

Je fais remarquer d’entrée que la société qui opére au terminal du Cap Lopez aujourd’hui, suite au transfert des actifs de Total Gabon, est hélas coutumière des déversements un peu partout où elle opére, une télévisionfrançaisel’a fait remarquer par le passé.

Au regard de la légèreté avec laquelle cette société exploite les installations du terminal du Cap Lopez, nous risquons d’enregistrer un incident de plus grande ampleur qui pourrait se traduire par une catastrophe environnementale majeure.

Monsieur le Président de la Transition,

Je rappelle par ailleurs que la société Shell Gabon a également cédé ses actifs à la Société Assala, et celle-ci a aussi conservé la gestion de son terminal.

Pourquoi l’Etat gabonais n’aurait-il pas pris la gestion de ces deux terminaux, d’une part ? Et pourquoi la GOC n’a pas pris certains champs en productions pour augmenter son portefeuille et sa production, d’autre part ?

Le constat fait sur ces différents terminaux établit qu’ils sont opérés par des Ingénieurs, des techniciens supérieurs et des opérateurs de productions tous Gabonais, établissant que nos compatriotes disposent de l’expertise nécessaire pour que l’Etat gabonais prenne la gestion de ces deux terminaux.

Avec une production estimée à 6.600.000 barils par mois, si l’Etat gabonais taxe le stockage dans ces terminaux de cette production à 1 dollar par baril aux sociétés exportatrices, cela rapporterait à notre pays 6.600.000$ par mois, soit 3.630.000.000 millions de CFA( trois milliards six cent trente millions de fCFA) même si nous exagérons en limitant les charges inhérentes aux opérations à 1 millions de dollars, nous pouvons aisément nous rendre compte de notre avantage..

Même si les contrats signés avec l’Etat Gabonais sont, Conventions d’établissement au lieu de CEEP, la République peut négocier comme d’autres opérateurs, car depuis 1957, ces majors ont suffisamment exploité et rentabilisé ces terminaux qui doivent revenir au Gabon, quitte à payer le prix de leur valeur résiduelle.

Monsieur le Président de la Transition,

Les recettes générées par l’exploitation de nos terminaux par l’Etat contribueraient à l’amélioration des conditions de vie des Gabonais, notamment par la construction des hôpitaux, des écoles, des lycées et des universités aux standards internationaux, toutes choses que rechignent à faire ces sociétés.

Concernant ces pollutions devenues récurentes et qui sont causées par toutes ces sociétés pétrolières, il est temps de mettre à contribution plus éfficacement la direction de l’environnement, appuyée par des experts indépendants, en les dotant de moyens suffisants pour rendre réellement opérant, le principe du pollueur payeur.

Jusqu’à ce jour, l’inefficacité de nos fonctionnaires sur ces questions est tributaire de leur dépendance budgetaire et logistique vis à vis de ces sociétés lorsqu’ils vont en mission de contrôle et d’audit.

Par le fait qu’ils sont entièrement pris en charge par ces sociétés qu’ils contrôlent et auditent, elles fixent les programmes et les règles de contrôle, minimisant ainsi les constats et l’efficacité des contrôleurs. Une plus grande autonomie d’intervention rendrait plus efficaces les contrôles, les infractions et amendes qui pourraient en découler, renfloueraient les caisses du trésor.

Les sociétés qui exploitent notre sol et notre sous-sol semblent avoir rompu le pacte contenu dans la RSE. Nos forêts et nos rivières sont aujourd’hui des deversoirs de toutes sortes de déchets. Tous les opérateurs miniers, forestiers et pétroliers opérant dans notre pays, nous tuent à petit feu car nos sols dédormais pollués ne sont pas traités selon les normes requises.

Ayant travaillé pendant longtemps dans le secteur pétrolier et connaissant parfaitement les pratiques de ce secteur, j’attire votre attention sur ces faits de pollution aggravée qui sont en contradiction avec la protection de l’environnement, axe fort de notre vivre en société.

Monsieur le Président de la Transition,

Il est plus que temps de tirer la sonnette d’alarme afin que ces pratiques cessent. Pour ce qui concerne le secteur pétrolier, vous pourriez favoriser l’organisation d’un forum pour passer en revue toutes les Conventions d’établissement et tous Contrats d’Exploitations et de Partage de Productions( CEPP).

Le Gabon, notre cher pays mérite plus que jamais de tirer le maximum de profits de ses ressources naturelles et particulièrement du pétrole, secteur dans lequel il dispose désormais d’une expertise avérée dans l’ensemble des chaînes de valeur, exploration, production, commercialisation.

Vous sachant attaché à l’appropriation par les Gabonais de leur économie, je ne doute pas que vous serez sensible à ces arguments qui n’ont pour seul but que de donner à notre pays, les meilleures chances de développement.

Dans cette perspective, je vous prie d’agréer, excellence Monsieur le Président de la Transition, l’expression de mon profond respect et de mon éternel dévouement.

Armand DAGRAÇA TCHITEMBO

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