Stratégie marocaine de prévention contre l’extrémisme violent

17 mars 20230
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Le Royaume du Maroc a pris très tôt et de manière proactive et anticipative, la mesure du danger de l’extrémisme violent. Il a mis en place une approche multidimensionnelle et intégrée, dont l’axe le plus important est la prévention dans le strict respect de l’État de droit et des principes des droits de l’Homme.

Cette approche repose sur les 5 piliers suivants :

Pilier religieux

La politique du Royaume en matière de gestion des affaires religieuses est fondée sur le fait que le Chef de l’Etat, en tant que Commandeur des Croyants, dispose d’une légitimité qui se fonde sur un exercice du pouvoir depuis 12 siècles. Cette fonction a pour corollaire une fonction de préservation des constantes religieuses et de protection du libre exercice des cultes, sur la base des principes de l’Islam sunnite, modéré, tolérant et ouvert.

Pilier sécuritaire et juridique

Sur le plan sécuritaire, la stratégie mise en place par le Maroc pour la prévention et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent dans le but d’éradiquer ce fléau qui menace non seulement le Maroc, mais toute la région du Maghreb et du Sahel, se base sur la prévention d’actes malveillants, la vigilance et la veille.

Cette approche proactive a permis d’anticiper d’éventuelles attaques terroristes, d’avorter plusieurs attentats contre la sécurité et la stabilité du pays. Une refonte de l’architecture de sécurité nationale a été opérée afin de renforcer la gouvernance sécuritaire du Royaume et en application des dispositions de la Constitution qui consacre les principes de la démocratie et du respect des droits de l’homme et de l’état de droit.

A cet effet, le Maroc a mis sur pied le Bureau Central des Investigations Judiciaires (BCIJ) en Mars 2015 qui est en charge de traiter sous la supervision de la Présidence du Ministère Public les affaires de lutte contre le terrorisme. Cette structure est le fruit d’une coopération entre les départements de l’Intérieur et de la Justice, dans le cadre d’une approche participative englobant plusieurs services de sécurité et de la magistrature.

L’entrée en fonction du BCIJ reflète le souci permanent du Royaume de restructurer et de mettre à niveau ses institutions sécuritaires dans le cadre d’une approche garantissant en même temps le respect des droits de l’homme et de la quiétude des citoyens.

Le Royaume a renforcé son arsenal juridique à travers les modifications apportées au Code pénal, notamment par la loi n° 86.14 de 2015 complétant et modifiant la loi 03-03 de 2003 relative à la lutte contre le terrorisme.

Pilier socio-économique

La prévention et la lutte contre l’extrémisme violent au Royaume du Maroc passe également par la promotion d’un développement humain solidaire, de manière à mettre en place des filets sociaux forts qui renforcent la résilience des catégories vulnérables face à la radicalisation et empêchent la création de terreaux dont se nourrit le terrorisme et l’extrémisme violent. L’INDH, l’éducation, l’emploi des jeunes et l’accès à la formation professionnelle constituent les leviers du pilier socio-économique.

Pilier du renforcement des droits de l’homme et de l’état de droit

Avec une quarantaine d’articles consacrés aux droits de l’homme, la Constitution de 2011 constitue une véritable Charte nationale des droits de l’homme. La norme suprême du Royaume du Maroc a fait entrer le pays dans un constitutionnalisme qui a permis l’appropriation nationale des principes de la protection et de la promotion des droits de l’homme, à travers la constitutionnalisation de nombreuses institutions et instances de protection des droits et des libertés fondamentales, de la bonne gouvernance, du développement humain et durable et de la démocratie participative, notamment :

• Le Conseil National des Droits de l’Homme, en tant qu’Institution nationale des Droits de l’Homme ;
• Le Médiateur ;
• La Délégation Interministérielle aux Droits de l’Homme ;
• L’Instance nationale de la probité et de la lutte contre la corruption ;
• Le Conseil de la Communauté marocaine à l’Etranger ;
• Le Conseil de la Jeunesse et de l’action associative ;
• L’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination ;
• Le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique ;
• Le Conseil économique, social et environnemental ;
• L’instance Equité et Réconciliation (IER) qui a mis en œuvre le processus de justice transitionnelle.

A noter que la constitutionnalisation de ces mécanismes est un acte politique majeur, ambitionnant de renforcer le dispositif institutionnel et de consolider l’architecture nationale des droits de l’homme.

Pilier de la coopération internationale

Le Maroc est pleinement conscient qu’aucun pays ne peut à lui seul venir à bout de l’extrémisme violent. Le Royaume privilégie la coopération internationale à travers ses différentes déclinaisons notamment les coopérations triangulaires, la coopération nord-sud et la coopération sud-sud.

Il participe sur les plans régionaux et internationaux à la dissémination des bonnes pratiques et des leçons apprises développées sur les plans national, régional et international dans la lutte contre l’extrémisme violent. Il a co-organisé avec les Etats-Unis d’Amérique le premier Policy Dialogue sur la Lutte contre l’Extrémisme Violent à Genève, le 4 Décembre 2015, qui a réuni pour la première fois la communauté diplomatique genevoise avec les think tanks internationaux actifs dans la recherche sur l’extrémisme violent.

C’est conscient de la centralité de la coopération internationale dans la lutte contre l’extrémisme violent, que le Royaume du Maroc est dans une phase avancée de développement d’un ambitieux programme de coopération avec ses partenaires dans les différents domaines liés à la lutte contre l’extrémisme violent.

En sa qualité de Co-Président du Forum Global pour la Lutte contre le Terrorisme (GCTF), le Maroc a développé avec les Pays-Bas le Mémorandum La Haye-Marrakech sur les Combattants Terroristes Etrangers (FTF). Ce mémorandum constitue un important outil mis à la disposition des Etats et regroupant les bonnes pratiques développées dans la gestion des FTF.

Le Royaume et l’Union Européenne ont convenu de mettre en place une initiative dans le cadre du GCTF portant sur « l’éducation pour prévenir et lutter contre l’extrémisme violent conduisant au terrorisme », dont l’annonce aura lieu en mai 2023.

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