BENIN : Patrice Talon fait-il couler la Constitution ?

9 avril 20210
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Répondant à l’appel de l’opposition, des manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays pour contester la rallonge de mandat du président Patrice Talon. De l’autre côté, le pouvoir en place brandit la loi fondamentale modifiée en 2019 comme justification. Cependant, les conditions autour de cette élection sont fortement remises en cause ; ce qui laisse présager l’incertitude quant à la bonne tenue de ce scrutin.

Depuis la Conférence nationale de 1990, ce pays d’Afrique de l’Ouest a rarement connu une situation aussi tendue. A quelques jours de la présidentielle, des troubles ont secoué plusieurs villes du pays en début de semaine et vraisemblablement ne sont pas sur le point de s’arrêter. L’opposition béninoise condamne avec véhémence la prolongation du mandat du président sortant Patrice talon qui a pris fin ce lundi 5 avril.

Ce dernier ayant promis de faire un quinquennat, se voit octroyer une rallonge de 50 jours, argument non recevable par l’opposition qui appelle à des manifestations. Cependant, la majorité s’appuie sur la révision de la constitution en 2019, induisant la modification du calendrier électoral pour justifier le maintien du président à son poste pour un mois et demi. Mais pour l’opposition, il y a vacance de poste suite à l’expiration du mandat du président et la loi fondamentale ne permet en aucun cas le rallongement du mandat.

Autre fait et pas des moindres, le verrouillage du système électoral par le président Talon afin de pouvoir écarter ses adversaires pour une réélection sans bavure. Des conditions dénoncées par ses rivaux comme anti-démocratiques. Selon la révision constitutionnelle de 2019, elle institue le parrainage et pour être candidat, il faut obtenir les parrainages d’au moins 10 % du total des députés et des maires, soit 16 parrainages. Mais sur les 159 élus (82 députés et 77 maires) appartiennent en majorité au camp du pouvoir. Il n’y a que six maires qui sont de l’opposition.

Face à de telles conditions, les principales figures de l’opposition béninoise, dont certains sont en exil, ont vu leurs candidatures recalées. Ce qui laisse un choix très restreint pour cette présidentielle de dimanche pour les électeurs béninois qui auront le choix entre Patrice Talon, Alassane Soumanou et Corentin Kohoué, deux figures politiques peu connues dans le pays. Le recours de huit candidats devant la Cour constitutionnelle n’a eu aucun effet et leurs candidatures restent recalées. « Nous avons tout donné, nous avons souscrit à tout dans les dossiers de candidature sauf ce qui n’est pas de notre ressort, notamment le parrainage que le gouvernement a confisqué et a décidé de distribuer aux candidats de son choix », indique l’opposant Joel Ahivo, du Front pour la Restauration de la Démocratie.

De telles conditions sont en effet déplorables car étant un exemple d’alternance politique en Afrique, ces péripéties viennent écorcher son image de pays démocratique. L’appel au calme et au dialogue doivent être de mise pour éviter que le pays ne sombre.

Freid KOUMBA

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