"Hommage Pape Diouf, l’Africain" Mamadou Koumé

18 décembre 20210
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Pape Diouf aurait eu 70 ans, ce 18 décembre. Sa brutale disparition , le 31 mars 2020, laisse un vide pour tous ceux qui l’aimaient. Ils prient pour lui. Évoquer sa mémoire pour ses 70 ans qu’il n’a pas vécus est l’occasion de s’arrêter sur ce fils de l’Afrique. Le destin a fait qu’il soit né, à Abeche, au Tchad où son père travaillait dans l’administration française.

Les Tchadiens le considéraient comme un des leurs. La dernière fois qu’il était allé à N’djamena, les autorités lui avaient même proposé d’aller faire un pèlerinage dans cette localité.

Mais Pape partout en Afrique où ii se rendait, était considéré comme un fils du continent. Chacun lui disait sa fierté de voir un Africain connaître la réussite qui était la sienne dans un domaine, le football qui suscite autant d’engouement. À Abidjan, à Nouakchott , capitale d’un pays où il avait passé une partie de son enfance chez son oncle maternel, à Lubumbashi, à Libreville , à Ouagadougou, à Casablanca et dans tant d’autres cités africaines, Pape était le fils du pays.

Sa carrière de journaliste dans un premier temps, a moins concerné le continent, car s’étant surtout déroulé à la Marseillaise, un quotidien de la grande ville du Sud de la France.

Il avait découvert cependant la CAN 1984 en Côte d’Ivoire. Il s’était mis volontairement en congé de son journal et avait collaboré pour cette compétition avec le magazine panafricain Jeux d’Afrique d’Ibrahim Soumare. Il avait ainsi couvert la CAN pour ce mensuel. Ceux qui ont conservé ce journal peuvent retrouver ses papiers consacrés à cet événement qu’il découvrait. Mais c’est surtout sa carrière d’agent de joueur qui allait établir ce lien fort avec le continent.

Il a avoué que deux joueurs africains de l’Olympique de Marseille à l’époque, Joseph Antoine Bell et Basile Boli, étaient parmi ceux qui l’avaient encouragé à embrasser la carrière d’agent de joueur.

Dans cette activité, il va rassembler plusieurs joueurs africains séduits par sa démarche mais surtout par sa probité morale et intellectuelle jamais prise en défaut. Il représentait les intérêts de Desailly, fils du Ghana et Drogba, enfant de Côte d’iVoire, mais également des Antillais qui voyaient en lui plus «  un grand frère  » qu’un agent. Pape tenait cependant à ne pas s’enfermer dans sa communauté et eut dans son «  écurie » des Européens.

Lorsqu’il est devenu Président de l’Olympique de Marseille, l’Afrique renforça sa présence dans ce club qui avait accueilli de célèbres Africains dans son histoire, notamment le Marocain Larbi Ben Barek avant la seconde guerre et tant d’autres célébrités après. Mais qu’un Africain préside le club le plus populaire de France a été quelque chose d’extraordinaire pour un fils du continent. Pape, cet homme au fabuleux destin était un choix béni pour l’Afrique.

Mamadou KOUME journaliste, ancien Directeur général de l’Agence de presse sénégalaise et ancien président de l’Association nationale de la presse sportive (ANPS)

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