"Pour cette COP26, il y a certes des enjeux mais également des défis pour les pays africains" Fabrice Ntchango

5 novembre 20210
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La Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques ou COP26 est ouverte et les pays africains prennent part à ce rendez-vous international. Une conférence internationale organisée par les Nations unies qui se déroule du 1ᵉʳ au 12 novembre 2021 en Écosse, au sein du Royaume-Uni. Fabrice Ntchango, jeune gabonais engagé sur les questions de changements climatiques réponds à quelques questions de la rédaction.

GN : Bonjour Fabrice Ntchango, on vous connait comme un acteur engagé sur les questions de changements climatiques, alors que la COP26 débute à Glasgow, quels sont les enjeux de cette grande messe pour l’Afrique et pour le Gabon ?

FN : Merci pour la tribune que vous m’offrez pour donner mon point de vue sur cette 26ème conférence internationale sur le climat qui va durer deux semaines et dont plus de 200 pays seront représentés y comprit notre pays le Gabon qui assure la présidence du groupe des négociateurs africains sur les changements climatiques. Pour cette COP26, il y a certes des enjeux mais également des défis pour les pays africains. Notre continent n’émet que 4% des gaz à effet de serre mondiale, mais nous sommes le continent le plus affecté à travers les plus diluviennes qui provoquent des inondations, il y a la sécheresse, l’insécurité alimentaire, les nouvelles maladies émergentes, la rareté des ressources et plusieurs d’autres phénomènes liés aux changements climatiques et dont nous avons du mal à y faire face.

Concrètement aujourd’hui, il faut l’Afrique arrête de subir les émissions de CO2 des pays les plus riches, si ces derniers ne comprennent pas la nécessité de soutenir l’adaptation aux changements climatiques, nous devons accélérer notre développement à travers l’économie verte, dans une approche de développement durable qui doit tenir compte naturellement des problématiques écologiques, mais également l’urgence sociale et la viabilité économique de notre gouvernance climatique. Nous n’allons pas continuer à laisser nos populations croupir dans la misère parce que nous devons lutter contre les changements climatiques, si aussi nous ne sommes pas suivis, il nous faudra se rendre à l’évidence que nous allons exploiter nos ressources naturelles afin de parer aux problèmes urgents auxquels nous sommes confrontés.

Aussi, il est quand même important de rappeler que l’Afrique séquestre prêt de 70% des gaz à effet de serre, alors que les grands pays pollueurs sont responsables de plus de 30 % des émissions mondiales de CO2, et nous ne pouvons pas subir à nous seuls des conséquences des problèmes dont nous ne sommes pas vraiment responsables, il y a une injustice climatique qu’il faut absolument résoudre. Même si nous reconnaissons qu’il y a une responsabilité commune mais différenciée, mais l’Alliance Panafricaine pour la Justice Climatique (PACJA) et le ROSCEVAC au niveau de notre sous-région, rappellent à toutes les parties que l’urgence aujourd’hui c’est répondre aux engagements pris lors de la Cop21 à Paris, voici pourquoi nous nous posons les questions suivantes : où sont les 100 milliards de dollars promit pour soutenir l’adaptation aux changements climatiques à l’endroit des pays du sud ? Quels est la position finale autour de l’article 6 de l’accord de Paris ? cet article prévoit d’autoriser aux pays des mécanismes d’échanges de réductions d’émissions pour atteindre leurs CDN.

Pour que ces mécanismes commencent à fonctionner, une décision doit être prise par la communauté internationale. Pour tenter de s’arrimer à l’accord de Paris, le Gabon vient de prendre par ordonnance une politique sur les changements climatiques qui est orienté sur le marché carbone, mais malheureusement cette loi sur le fond comme sur la forme suscite beaucoup d’interrogation, et plus elle ne fait même pas référence à la gouvernance de la CDN qui portant reste le mécanisme national de lutte contre les changements climatiques. Maintenant pour ce qui est des défis, le plus important pour l’Afrique et notre pays, c’est de pouvoir mobiliser la finance climat, selon des dernières estimations on nous a dit que l’Afrique n’a pas besoin de 100 milliards mais de 700 milliards par an afin de pouvoir faire face aux effets des changements climatiques.

GN : Vous indexez les grands pays pollueurs, pensez-vous que la solution serait que ces derniers définissent leur plan d’actions climatiques et rehaussent leurs engagements ?

FN : Depuis Copenhague en 2009 ces pays se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars au profit des pays en développement pour la lutte contre les changements climatiques chaque année de 2020 à 2025. Malheureusement, aujourd’hui encore rien n’est fait malgré les promesses renouvelés à la Cop21 à Paris. Aujourd’hui, les États-Unis, la Chine et la Russie sont les trois pays qui ont émis le plus de gaz à effet de serre, mais malgré les discours et les belles promesses ces pays susmentionnés ne se distinguent pas des autres. La société civile africaine compte beaucoup sur le Président Joe Biden qui a réintégré l’accord de Paris, on espère qu’il pourra peser de son poids afin que les autres pays suivent.

GN : Vous en tant que société civile gabonaise engagée sur ces questions, quels sont vos attentes et quels sont les solutions ?

FN : Je tiens déjà ici à exprimer ma déception du fait que la société civile gabonaise n’est pas soutenue par le gouvernement afin qu’elle prenne part activement à cette grande messe. Notre pays a un leadership reconnu sur la question, mais on a du mal à constituer une délégation du Gabon inclusive. Je ne pense pas que ceci soit la vision du Chef de l’Etat qui a toujours prôné une gouvernance climatique intégrée. Aussi, nous avons mal de constater que jusqu’à l’ouverture de la Cop26, le Gabon n’a pas été capable de présenter sa CDN révisée à l’instar de plusieurs autres pays.

Je ne comprends pas comment on a pu à en arriver là quand on sait que ce travail a été plusieurs fois soutenu, par le PNUD Gabon, par la FAO, et qu’on a même sollicité l’expertise de plusieurs cabinet internationaux. Maintenant, nos attentes sont nombreuses que nous avons confinés dans une position commune que nous allons présenter à Glasgow, cette position commune est soutenue aujourd’hui par la CEEAC et plusieurs organismes internationaux. En termes de solution, je pense qu’il faut simplement donner aux communautés les moyens de se développer de manière durable et efficiente.

Propos recueillis par GN

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