MOGABO/HERITAGE ET MODERNITE : Juste le temps d’un rêve

7 juillet 20150
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Le parti démocratique gabonais a particulièrement fait l’actualité ces derniers jours. La campagne du MOGABO (mouvement des gabonais pour Ali Bongo Ondimba), les dénonciations du groupe de parlementaires PDGistes réunis dans Héritage et Modernité, la colère d’Ali Bongo contre les critiques de ce courant mené par Alexandre Barro Chambrier, et la dissolution vendredi dernier de ces deux clans issus d’un même camp politique mais qui n’ont pas hésité à se jeter la pierre.

La dissolution. Héritage et Modernité n’a eu à peine qu’une semaine de vie. Durant les quelques jours d’existence de ce mouvement qui a critiqué avec des mots crus l’état actuel du Gabon et la gestion du pays devant la presse, on a cru que le parti au pouvoir s’était ingurgité une forte dose de démocratie. L’espoir d’un dialogue, le vrai, celui de la contradiction qui fait naître des idées favorables au processus de démocratisation de ce petit État, a plané au-dessus de ce parti, juste le temps d’un rêve.

Un rêve dont la durée a brusquement été écourtée par la dissolution des deux mouvements hostiles. Une décision qui laisse penser que le PDG n’aurait pas l’ambition d’être une grande démocratie. Être un parti qui servirait d’exemple démocratique sur le continent. Ali Bongo Ondimba a été clair là-dessus lors de sa rencontre avec ses parlementaires. Il refuse toutes critiques émanant des PDGistes. Et surtout pas de ceux qu’il a lui-même investi. En somme, le président du parti au pouvoir semble rejeter aussi les remarques constructives telles que la proposition de la tenue d’un congrès extraordinaire, énoncée le 27 juin dernier par Alexandre Barro chambrier. Une rencontre qui leur aurait permis de dialoguer. Il semble que la communication entre l’exécutif et ses parlementaires est brouillée. Le président a d’ailleurs fait état d’une rumeur, qualifiée de ‘’Kongossa’’ (commérages), sur une liste de futurs députés qu’il aurait lui-même établie. S’il était un peu plus disponible au dialogue avec les siens, il y aurait sans doute moins d’hostilité et d’incompréhension. Les membres actuels du PDG ne se parlent donc pas ; ou du moins, ils ne se parlent qu’entre frères ou amis du même clan.

L’éclatement des deux mouvements n’est pas forcément synonyme d’unité. Les clans pourraient persister. Certes, les deux courants ont disparu, mais ceux qui se considèrent comme les plus proches du chef et ceux qui estiment être mis à l’écart et qui réclament le dialogue sont toujours là. Et dans les deux cas, chacun des groupes voulait faire savoir sa position ; être bien vu aux yeux du ‘’Distingué camarade’’ étant la priorité commune. La dissolution des idées résoudrait-elle aussi le problème de marginalisation et renforcerait-elle réellement la cohésion dans une famille où certains n’ont droit ni à la parole ni à l’écoute au profit de certains autres qui n’hésitent pas à montrer qu’ils sont les préférés du patron ?

Certes, une telle ambiance au sein d’un parti à la veille de l’élection présidentielle de 2016 pourrait faire perdre des points, ou pire, entraîner à l’échec. Mais la contradiction ‘’d’Héritage et Modernité’’ aurait pu être mieux perçue. Un débat contradictoire qui aurait certainement à l’avance, permis au parti de se mettre en cause en écartant une politique de l’autruche qui voile les raisons du malaise.

Georges-Maixent Ntoutoume

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