EDL/IFG : Nathalie Pontalier en défenseur des laissés pour compte

28 novembre 20170
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La douzième édition des Escales documentaires de Libreville(EDL) s’est achevée samedi dernier à l’Institut français du Gabon. Près d’une trentaine de films documentaires, dont deux pour la réalisatrice gabonaise, Nathalie Pontalier. Du Marechalat du roi-dieu au Club des silencieux, la jeune cinéaste se fait le défenseur des oubliés de la société gabonaise et les met de l’ombre à la lumière.

Comme Aimé Césaire dans son Cahier d’un retour au pays natal, Nathalie Pontalier, avec ses films documentaires ‘’Le Marechalat du roi-dieu’’ et ‘’Le Club des silencieux’’, se fait le défenseur de certains laissés pour compte de la société gabonaise. A travers deux de ses films documentaires qui ont fait partie de la diffusion lors des Escales documentaires de Libreville pour la 12 édition, la jeune cinéaste gabonaise cherche à décrypter, non seulement le langage des schizophrènes, mais aussi, celui des sourds muets et malentendants. ’Le Marechalat dieu, c’est la conscience de soi, nous expliquera-t-elle.

Dans ‘’Le Marechalat du roi-dieu’’, la réalisatrice Nathalie Evelyne Pontalier met en lumière l’histoire d’André Ondo Mba, qui souffrait de schizophrénie et était atteint de surdité et décédé, il y a quelques années déjà. De son vivant, la réalisatrice avait, selon elle, cherché à comprendre les écrits d’André à travers les grands espaces de la capitale gabonaise. Des mots étranges, des phrases incomprises que le commun des mortels avait du mal à saisir et dont lui-même(André Ondo Mba) avait le secret. Nathalie a également cherché à comprendre et partager avec les cinéphiles, l’univers mystique de celui qui a développé un art graphique par l’écriture où il prêche des mythologies dictées par son double. André Ondo Mba, nous dit Nathalie, écrivait depuis plus de 20 ans sur les murs du paysage urbain de Libreville. « Je donne un peu de ma lumière à ceux qui sont laissés pour compte  » confesse-t-elle.

A travers son film documentaire de 52 minutes intitulé Le Club des silencieux, la réalisatrice met en lumière le quotidien des sourds et leurs signes. A Libreville, des sourds constitués en groupe ont fondé une association nommée Association des sourds muets du Gabon(ASMG). Une association au sein de laquelle existe une équipe de football. On l’appelle tout simplement Le club des silencieux de Libreville. « Comment vivre au quotidien si l’on ne peut se faire comprendre parce que l’on est sourd ? » s’interroge-t-elle. Pour Nathalie comme bien d’autres, peu de gens connaissent le langage de signes.

Selon Nathalie Evelyne Pontalier, ces deux films documentaires sont une prise de conscience des artistes que nous sommes. Nous pouvons où nous avons le pouvoir de mettre la lumière là où il y a de l’obscurité, donner de la joie là où il y a le malheur. Nous avons aussi le pouvoir de dessiner le sourire sur les visages des personnes qui l’avaient perdu souligne -t-elle. Comme Aimé Césaire, le père du mouvement La Négritude, qui lui était et demeure dans ses œuvres, le porte-voix de ceux qui n’ont point de voix, le défenseur de ceux qui s’affaissent au cachot du désespoir…, Nathalie Pontalier s’aligne sur cette voie pour donner de la valeur à ces personnes qui parfois sont mises dans les entrailles de la déshumanisation.

Martial TSONGA MBICKA

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